mardi 23 octobre 2007

Météo du samedi 13 au vendredi 19 octobre 2007

Le temps c’est de l’argent. Ainsi le site internet de Météo France est payant. Radio Campus vous offre la météo de la semaine écoulée. C’est du sûr et c’est gratuit .

SAMEDI 13 octobre 2007

Petite bise le matin... Nicolas et Cécilia vont-ils divorcés ? «C’est la « Question d’actu » de la Voix du Nord du jour ». Grosse bise l’après-midi. Une info circule sur internet : David Levy, un chercheur de l’Université de Maastricht approuve l’idée d’un mariage désormais possible entre un humain et un robot. « Je te jure de te rester fidèle, ma souris, pour le meilleur et pour le pire, et jusqu’à ce qu’un bug nous sépare… » « Oh oui ! J’adore ça quand tu t’insères dans mon port USB »…

DIMANCHE 14 octobre 2007

Le soleil se lève aux Comores ! Le mercenaire français Bob Denard est mort. Fais même tellement beau aussi chez nous que le Mont Blanc n’a jamais été aussi haut : 4810 mètres et 90 centimètres au dernier relevé. Le soleil est au Zénith (de Paris). A l’appel de SOS Racisme, Libération et de Charlie Hebdo, 170 000 potes se sont réunis pour dire : « Touche pas à mon ADN »… Pluies de bombes et de balles en Irak, neuf enfants tués dans leur sommeil par l’armée américaine. De quoi publier pleins de bonnes caricatures sanglantes, hein Charlie ?

LUNDI 15 octobre 2007

Temps d’automne. Lumière défaite. Dans les bistrots on se surprend à se mêler de tout et de rien. De tout sauf de rugby… C’était qui qui a battu la France déjà ? J’sais même pus.

MARDI 16 octobre 2007

Nuages noirs. Zéphyr. Un pompier décédé, Sarkozy éploré, mais Cantat libéré !

MERCREDI 17 octobre 2007

Il pleut sur la route. Mais c’est la Journée mondiale de refus de la misère. Alors refusons ce temps pourri ! 7 millions de Français vivent avec moins de 800 euros par mois. C’est trop. Et si ça continue il y en aura de plus en plus des pauvres…. Des cheminots pauvres, des gaziers pauvres, des électriciens pauvres, des chauffeurs de transports en commun pauvres, la comédie Française pauvre, des enseignants pauvres, des employés de crèche pauvres… Refusons la réforme des régimes spéciaux de retraite. Tous égaux pour l’âge de la retraite ? D’accord ! Mais tous à 37 ans et demi de cotisation. Sinon ça va nous coûter cher. Trop cher !

JEUDI 18 octobre 2007

Jeudi rouge ! Jeudi bataille unitaire pour les forçats du rail ! Jeudi Voilà l’travail dans la rue ! Jeudi bravo ! Chers auditeurs, je vous propose d’observer une minute d’applaudissements, oui de chez vous, pour toutes celles et ceux qui osent laisser un peu de leur salaire dans une grève contre la politique libérale de Sarko et pour le service public. Jeudi « Faites du bruit ! » (Applaudissements)

VENDREDI 19 octobre

Il fait un temps d’octobre. Et il y a comme un petit air de révolution ce soir sur le 106,6… Vous écoutez Radio Campus pendant que les spectateurs coca-colatisées de TF1 regardent… la télé. (Applaudissements).

Dix minutes chez Marx

Première série - Deuxième entretien

La scène se passe à Londres aux environ de 1873-75. La famille Marx – Les filles de Marx – Jenny - Hélène.


D'après Paul Lafargue, “Souvenirs personnels sur Karl Marx”, 1890.



- Toujours au 41 de Maitland Park Road à Londres , Karl Marx nous reçoit dans son cabinet de travail. La semaine dernière... Monsieur Marx, pouvez vous nous parler de votre vie de famille ?

- Parlons vie de famille.. Mais bien sûr...Celle-ci commence pour moi quand j'ai fermé mes livres et mes cahiers. On peut dire de moi, me semble-t-il, que je suis un père doux, tendre et indulgent ; en fait , comme on dit en français, que je suis un “papa poule” !

- En français dans le texte...

-Pour moi, les enfants doivent faire l'éducation de leurs parents ! Comme le disait Goethe : “Ce sont les enfants et les oiseaux qu'il faut interroger sur le goût des cerises et des fraises...” Je m'efforce de ne jamais faire sentir à mes filles le poids de l'autorité paternelle. Je ne leur donne jamais d'ordres, mais leur demande comme un service ce que je désire d'elles, ou les persuade de ne pas faire ce que je ne veux pas qu'elles fassent. Et cependant je suis obéi comme peu de pères le sont. Je crois que mes filles, aussi bien Eléanor, Jennyschen que Laura voient en moi un ami. Elles se comportent avec moi comme avec un camarade. Elles ne m'appelent pas "Père", mais, comme je vous l'ai déjà dit, «Le Maure». Par contre, dès avant 1848, les membres de la Ligue des communistes m' appelaient le "père Marx", bien que je n'eus pas encore atteint la trentaine!
Naguère, je jouais
parfois pendant des heures avec mes filles. Parfois nous faisions des batailles navales et des incendies de flottes entières de bateaux en papier que je fabriquais pour elles et que nous livrions ensuite aux flammes, pour leur plus grande joie, dans un cuvier.

- Mais quand prenez vous le temps d'en passer avec elle ?

-Quand c'est possible, -Le dimanche, mes filles ne me permettent pas de travailler ; je suis à elles pour toute la journée.quand il fait beau, toute la famille part pour une grande promenade à travers champs. On s'arrête en route dans une auberge pour boire de la bière de gingembre et manger du pain et du fromage. Lorsque mes filles étaient encore petites, pour que le chemin leur parût moins long, je leur racontait des contes de fées qui n'en finissaient plus, contes que j' inventai tout en marchant et dont je retardais ou précipitais le dénouement selon la longueur de la route qui restait à faire. C'est que mes premières œuvres littéraires furent des poésies ! Jenny garde soigneusement ces œuvres de jeunesse mais ne les montre à personne ! Mes parentsavaient rêvé pour moi une carrière d'homme de lettres et de professeur. Ils estimaient que je m'abaissais en me consacrant à l'agitation socialiste et en m'occupant d'économie politique, science qui n'était guère estimée, de leur temps, en Allemagne. J'avais promis à mes filles d'écrire pour elles un drame sur les Gracques. Malheureusement, je n'ai pas encore pu tenir parole...»

-Et vous nela tiendrez jamais... Pouvez vous nous parler de votre compagne, de Jenny Von Westphalen ?


-Jenny et moi, nous nous sommes connus enfants et avons grandi ensemble. Je n'avais pas plus de 17 ans lorsque nous nous fiancèrent (ça aussi...c'est pour rire un peu ). Nous nous sommes marié en 1843, après avoir attendu sept ans .Personne n'a plus qu'elle le sentiment de l'égalité, bien qu'elle soit née et ait été élevée dans une famille d'aristocrates allemands. Pour elle, les différences et les classifications sociales n'existent pas. Dans sa maison et à sa table elle reçoit les ouvriers en costume de travail avec la même politesse, la même prévenance que s'il se fût agi de princes. Un grand nombre d'ouvriers de tous les pays ont joui de son aimable hospitalité et je suis convaincu qu'aucun d'eux ne s'est jamais douté que celle qui les recevait avec une si simple et si franche cordialité descendait, par les femmes, de la famille des ducs d'Argyll, que son frère avait été ministre du roi de Prusse et que l'une de ses ancêtres était Mary Stuart ! «Le diable, l'aristocratie et les jésuites n'existent que parce que l'on y croit », elle ne croit qu'au diable : elle a tout quitté pour suivre son Karl ...
Jenny possède un esprit enjoué et brillant. Les lettres qu'elle adresse à ses amis, par exemple, écrites d'une plume légère, sont de vrais petits chefs-d'œuvre et témoignent d'un esprit vif et original. C'est une fête de recevoir une lettre de Madame Marx ! Mon ami Heine, impitoyable satirique, craignait mon ironie, mais il avait une grande admiration pour l'intelligence fine et pénétrante de Jenny. Pour ce qui me concerne, je lui ai toujours communiqué mes manuscrits et j'ai toujours attaché une grande valeur à son jugement. A cause de mon écriture de cochon, c'est elle qui recopie mes manuscrits pour l'impression. Jenny et moi, nous avons eu beaucoup d'enfants. Trois sont morts en bas âge, pendant la période de privations que la famille a traversé après la révolution de 48...

- C'est bon ça coco !

_... lorsque, réfugiée à Londres, nous avons vécu dans deux petites pièces de Dean Street, près de Soho Square...

- Jetzt à table les artistes !

- Tiens, c'est Hélène qui nous appelle... Et justement...La famille Marx compte un autre membre important : Hélène. Issue d'une famille de paysans, elle est entrée toute jeune, presque enfant, au service de Jenny longtemps avant notre mariage, et quand sa maîtresse s'est mariée, elle n'avait pas voulu la quitter. Elle s'est consacrée à notre famille avec un tel dévouement qu'elle s'en oublie souvent elle-même. Elle nous a accompagné dans tous nos voyages à travers l'Europe, nous suivant lorsque nous étions expulsés. Hélène est le bon génie de la maison et sait se tirer des situations les plus difficiles. C'est grâce à son esprit d'ordre et d'économie, à son ingéniosité que la famille ne manqua jamais du strict nécessaire. Elle s'entend à tout : elle fait la cuisine, s'occupe du ménage, habille les enfants, coupe les vêtements qu'elle cousait avec l'aide de Jenny. Elle est à la fois l'économe et le majordome de la maison. Les enfants l'aiment comme une mère, et elle exerce sur eux une autorité maternelle, parce qu'elle a pour eux une affection toute maternelle. Jenny considère Hélène comme une amie très proche et moi aussi... Je joue souvent aux échecs avec elle et il m'arrive la plupart du temps de perdre la partie !


-«On» dit qu'elle est votre bonne à tout faire !

- Mais que «on» aille lui dire ça ! Vous aurez affaire à elle ! C'est vrai, l'amour d'Hélène pour notre famille est aveugle : pour elle tout ce que les Marx font est bien, et ne peut être que bien. Elle prend sous sa protection maternelle quiconque est admis dans l'intimité de la famille. Sinon...c'est sa fête !

-Qu'est-ce que j'entends ? Je ne veux même pas le croire Karl ! Jetzt à table !

Voila l'travail !

Voila

l'

travail !

jeudi 18 octobre 2007

Météo du vendredi 12 octobre 2007

Météo du vendredi 12 octobre 2007

Le temps, c’est de l’argent. Ainsi les bulletins de prévision de Météo France sont payants sur internet. Sur Radio Campus, voici la météo de la semaine écoulée, c’est du sûr et c’est gratuit. Voilà l’travail !

Samedi 6 octobre

Grand soleil. Les gens du Nord ont dans le ciel, le bleu qu’ils portaient jadis à l’usine. La nuit tombe. Tous les All Blacks sont en gris. Y’a qu’a… Y’a qu’à…être philosophes. La France va perdre. C’est évident. Sarko se fait tout petit dans les tribunes du stade de Cardiff. De toute façon, quoi qu’il arrive, bientôt il prendra Laporte…, oui il prendra Bernard Laporte comme Ministre des sports. Mais voilà que, oui ! oui ! Oui ! La France gagne contre la Nouvelle Zélande. 20-18. Roselyne Bachelot est obligée de travailler plus, plus longtemps… De porter deux casquettes de ministre, la santé et le sport ! Mais Mme Bachelot a une santé de rugbyman. Elle a dit à Lille qu’elle ne prenait jamais de médicaments, « comme 40 % des Français »… Ah bon ? 40 % des Français ne prennent jamais rien ??? Bah alors pourquoi vous accusez les Français de consommer trop de médicaments, Madame Bachelot ? (pause) Madame Bachelot ? Ah, visiblement Mme Bachelot vient de botter en touche !

Dimanche 7 octobre

Temps magnifique. Chaud. C’est l’été. Mais, le présentateur du JT de France 2 a le regard sombre. Au Sael, il pleut. Trop. Tandis qu’à Biarritz, il ne fait pas bon mettre un chien dehors. En effet, un serial killer sévit. Empoisonnant des toutous à tours de pattes. Les experts ont immédiatement planché sur le profil du tueur : « excédé par les aboiements et les déjections, l’individu a sans doute décidé de passer à l’acte suite aux récentes morsures médiatiques ». A quand les avocats et les juges pour chien ? La baballe est dans le camp du Garde des Chiots, euh du Garde Sceaux, Madame Rachida Dati.

Lundi 8 octobre

Côté météo, ça va. D’ailleurs, tout va… Comme un lundi...

Mardi 9 octobre

Soleil, nuages, et puis pluie. Une question déterminante se pose : combien de temps va durer la grève des cheminots ? Seulement la journée du jeudi 18 octobre, ou sera-t-elle reconduite ? Pourquoi la grève, on s’en fout. C’est combien le montant de retraite d’un cheminot ? On s’en fout ! Les JT ont d’autres questions plus intéressantes à traiter :

1) Comment laver l’honneur de Thierry Breton, qui a filé des millions d’euros de nos impôts à Lagardère et à d’autres actionnaires d’EADS ?

2) Comment faire croire que ce sont les syndicats de salariés qui ont profité des 15 millions d’euros que Denis Gauthier Sauvagnac a piqué sur le compte de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie ? Voilà l’travail !

Mercredi 10 octobre

Fait pas froid, mais quand-même, ça fait froid dans le dos. C’est « dégueulasse ! » De quoi je parle ? De lois répressives et inhumaines contre les immigrés ? Mais non, d’une invasion de coccinelles dont est victime notre département. Vraiment dégueulasse cette photo d’insectes agglomérés à la Une de la Voix du Nord… Dégueulasse !

Jeudi 11 octobre

Ca vole bas, sous les nuages. Y’a pas de vent, alors les vieilles branches restent accrochées à l’arbre qui cache la forêt. Ainsi Jack Lang est partout. Et il parle de De Gaulle… Il paraît que 44 % des Français souhaiteraient le voir au gouvernement. Non, pas De Gaulle ! Il est mort… Ils veulent Jack Lang, les Français ! Lui aussi a bien connu mai 68, il avait 29 ans à l’époque, mais il est toujours bien vivant ! La preuve, il a même dit oui à Sarkozy, pour travailler plus. Pour travailler à la réforme des institutions. A une 6e République. Mais qui donnerait plus de pouvoir à qui ? Aux salariés sur la manière dont est gérée leur entreprise, aux citoyens, aux députés ? Non, au Président de la République… Décidément, du Socialisme au Sarkozisme en passant par le Kouchnérisme… Il n’y a qu’un K…, hein Jack ?

Vendredi 12 octobre

Temps brouillé. Et ce soir c’est la première émission intitulée « Voilà l’Travail » sur les ondes de Radio Campus. Personne n’en parle. Pourtant vous êtes en train de l’écouter. Vous êtes donc en train de louper « Les Maîtres de l’imposture ». Un magazine sur TF1 qui donne ce soir la parole à une fausse Naomi Campbell ; à de faux gagnants de l'Euro Millions ; et à une marathonienne qui était… un homme. Eh Jérôme, Seb ? Au fait, vous savez que Sébastien Chabal mange des céréales le matin, que les médias peuvent même pas dire la marque parce que le contrat est pas encore signé ?

- Non !

- Si.

Dix minutes chez Marx


Première série - Premier entretien

La scène se passe à Londres aux environ de 1873-75. Le cabinet de travail de Marx à Maitland Park Road. Petites habitudes quotidiennes. Silhouette. Lectures et distractions favorites.


D'après Paul Lafargue, “Souvenirs personnels sur Karl Marx”, 1890.


- 1873, je me trouve au 41 de Maitland Park Road à Londres, plus précisément, au premier étage de la maison, dans le cabinet de travail du célèbre Karl marx pour une série d'entretiens qui, je l'espère, nous permettrons de mieux faire connaissance . On m'a prié d'attendre en ce lieu celui qu'on appelle ici le Maure. Mon regard se balade dans le pièce...

Par la large fenêtre donnant sur Maitland Park entre, en ce jour de septembre, une abondante lumière . Des deux côté de la cheminée et vis-à-vis de la fenêtre se trouvent des rayons chargés de livres, en haut desquels des paquets de journaux et de manuscrits montent jusqu'au plafond. Vis-à-vis de la cheminée et de l'un des côtés de la fenêtre, il y a deux tables couvertes de papiers, de livres et de journaux. Au milieu de la pièce dans laquelle flotte une odeur de cigare froid, à l'endroit le mieux éclairé, se trouve une petite table de travail très simple, longue de trois pieds et large de deux, avec un fauteuil tout en bois. Un divan de cuir, dans lequel on m'a fait prendre place, est situé entre le fauteuil et les rayons de livres, face à la fenêtre. C'est l'endroit où, m'a-t-on dit, Marx a l'habitude de s'étendre pour se reposer. Sur la cheminée des livres se mêlent encore à quelques cigares, à des allumettes, à des boîtes de tabac, à des pèses-lettres, aux photographies de ses filles, de sa femme et de ses amis, WilhelmWolff et Friedrich Engels. Parmi les livres et les papiers, il semble régner un désordre complet. Les in-quarto, les in-octavo et les brochures se pressent les uns contre les autres. Rangés apparemment non selon leur dimension mais selon leur contenu, ils ont été manifestement maltraité sans égard pour leur format, leur reliure, la beauté du papier ou de l'impression. D'où je suis, je peux ainsi apercevoir trois livres ouverts dont les pages sont cornées, soulignées, aux marges couvertes de coups de crayon... mais, j'entends des pas dans l'escalier. Je pense que notre hôte arrive... - Monsieur Marx...

-Bonjour... Désolé de vous avoir fait attendre... Mais, restez-assis jeune homme. Je vais prendre place, si vous le permettez, à ma table de travail... Voila, je vous en prie, je vous écoute...

-Euh, voila, Monsieur Marx, on dit et on a dit de vous bien des choses et notamment que vous êtes mort...

- Marx mort ! Mon oeil ! La nouvelle de ma mort est quelque peu exagérée. En fait un spectre hante encore et toujours un monde qui semble, désespérément, pour les classes dominantes et leur valetaille, ne pas vouloir mourir, le spectre du communisme..."

-Euh...vous semblez vouloir entrer d'emblée dans le vif du sujet...

-Oui, le Maure saisi le vif... Toujours...

-Mais si vous le permettez, j'aurais voulu m' entretenir tout d'abord avec vous de choses un peu plus légères, disons, comme on dit dans notre jargon, un peu people...


-Vous êtes le maître à bord... Faites, je vous en prie...


-Voila... Pouvez vous nous parler de vous ? L'ordinaire de Marx ?

-Mais, si vous voulez... Que dire de ce côté là ? Bon, tout d'abord, quand je travaille, je fume énormément. Das Kapital ne me rapportera jamais ce que m'ont coûté les cigares que j'ai fumé en l'écrivant ! Par ailleurs, je suis un grand gaspilleur d'allumettes.... Je rallume constament ma pipe ou mon cigare...Je vide les boîtes d'allumettes avec une rapidité incroyable ! J'ai pris, en outre, selon le maître des lieux, la fâcheuse habitude de sauter l'heure des repas. Quand je travaille on doit souvent m'appeller à plusieurs reprises avant que je ne descende dans la salle à manger et, à peine avallée la dernière bouchée du repas, je remonte dans mon cabinet de travail. En général, j'ai peu d'appétit mais je m'efforce d'y remédier en usant de mets fortement épicés tels que le jambon, le poisson fumé et les cornichons... Mais évidement, c'est l'estomac qui trinque ! Voila pour le régime Marx... C'est quand même pas terrible...Mais ça c'est un peu arrangé depuis l'époque où l'on crevait de faim à la maison...

- Vous évoquez votre régime...Pourtant, sauf votre respect...


-On dit de moi que j'ai une constitution vigoureuse. Ici, on m'appelle Le Maure du fait de mon teint basané et de ma barbe et de mes cheveux naguère couleur d'ébène. Je suis un peu plus grand que la moyenne, les épaules larges et le corps bien proportionné quoique j'ai le tronc, comme c'est fréquent chez les juifs, un peu trop long par rapport aux jambes.

-Mieux vaut ne pas s'étendre sur ce sujet en ce moment...Karl Marx fait-il du sport ?

-Le seul exercice physique auquel je me livre régulièrement, outre l'activité révolutionnaire, est la marche. J'aime me promener en compagnie, le soir, quand le temps le permet, à Hampstead Heath. Je peux marcher ou gravir des collines pendant des heures en bavardant et en fumant. Ici même, dans mon cabinet de travail, je marche la plupart du temps. Je fais des va-et-vient incessant. Je ne m'assieds que pour de courts moments pour écrire ce qui me vient dans la tête.

- Tiens c'est vrai... de la porte à la fenêtre, il y a comme un passage est marqué sur le tapis usé jusqu'à la corde par une raie aussi nette qu'une piste dans la prairie.

- Ganz richtig ! Pour me reposer, au cours de ma journée de travail, je m'installe quelquefois où vous vous trouvez, sur le divan, pour dormir une heure ou deux ou pour lire des romans . En général, j'en lis deux ou trois à la fois, allant de l'un à l'autre. J'aime surtout les romans du XVIIIème siècle. Le Tom Jones de Fielding en particulier. Parmi les auteurs modernes, j'aime beaucoup Paul de Kock, Charles Lever, Alexandre Dumas Père et Walter Scott. En fait, en cette matière, j'ai une certaine prédilection pour les récits d'aventure et les contes amusants. Parmi les romancier, je place au plus haut point Cervantès et Balzac. Quand j'en aurait fini avec toute cette merde d''économie politique, j'envisage sérieusement d'écrire un ouvrage critique sur La Comédie humaine. J'aime aussi lire les poètes. Henri Heine et Goethe. Dante et Robert Burns sont mes poètes favoris. Tous les ans je relis Eschyle et Shakespeare qui sont les deux plus grands génies dramatiques qu'ait produit l'humanité. J'aime aussi beaucoup les auteurs russes : Pouchkine, Gogol et Chtchédrine.

- Revenons à votre quotidien. Vous travaillez tard ?

-En semaine, je me couche tard et je travaille souvent jusqu'à deux ou trois heures du matin.Quand j'étais plus jeune, il m'arrivait souvent de passer des nuits entières à travailler. Le matin, je suis toujours debout entre huit et neuf heures. Je prend du café noir et je commence ma journée de travail en parcourant les journaux et, en général, rebelote jusqu'à deux ou trois heures du matin.

- Rebelote ? En dehors de la littérature, quels sont les petits plaisirs que Marx s'offre ?

- Pour me reposer et me distraire je fais aussi des mathématiques. L'algèbre est pour moi d'un grand réconfort moral. Elle m'a souvent soutenu aux moments les plus douloureux de mon existence mouvementée. En outre, je retrouve dans les mathématiques supérieures le mouvement dialectique sous sa forme la plus logique et la plus simple.

- Qu'est-ce que vous foutez les artistes...



Voila l'travail !

Voila

l'

travail !